Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Made In ENSATT
Archives
Made In ENSATT
25 mars 2010

La parole aux concepteurs

A l'ENSATT, la dernière année de l'école permet aux élèves de se confronter aux metteurs en scène invités, que ce soit pour les élèves comédiens aussi bien que pour les élèves scénographes, costumiers, concepteurs lumière ou son. Ainsi, chacun des trois spectacles accueille deux d'entre eux qui élaborent avec le/la metteur en scène la conception de leur domaine de prédilection.

Nous avons recueilli les intentions scéniques de chacun des duos concepteurs pour La Folie Sganarelle...

... en scénographie, Lise Lendais et Damien Schahmaneche

Un tréteau, une boîte à malice, des apparitions, des disparitions, des fenêtres en hauteur, un dispositif frontal, une boîte noire à l’italienne, une porte et devant un proscénium, il faudra pouvoir monter et descendre : voici en quelques mots ce dont Claude Buchvald avait besoin pour travailler les trois farces autour desquelles elle nous propose de nous réunir.

Le personnage de Sganarelle les traverse dans des temps et des espaces variables, ce doit être comme un guignol. Nous devons dessiner un espace permettant une alternance simple et facile de l’intérieur et l’extérieur et si possible dans une mécanique rythmique appuyant le comique, notre proposition scénographique devra être au service de l’acteur et du texte. La dynamique des trajectoires, une diagonale, un biais par rapport au gradin devra aider les relais d’énergie entre les acteurs dans leur ballet d’entrées et sorties. Nous sommes au théâtre et dans ce théâtre, mesdames et messieurs, se joue l’histoire de Sganarelle.

La farce est née sur les tréteaux de la foire, sur la place publique et le corps de la farce se construit dans ce rapport simple et franc avec le public. L’espace du public est le principal foyer d’énergie des acteurs. Une passerelle entre la scène et la salle existe tout au long de la représentation, notre projet s’est concentré à mettre en rapport simplement cette relation fondamentale qui fait théâtre: l’acteur et le spectateur.


... en lumière, Alexandre Bazan et Cécile Boudeaux

En partant des envies et parti pris de Claude Buchvald, la conception de la lumière prend pour ligne directrice la recherche de temporalité. La sensation du temps doit être suggérée, perçue par le spectateur presque sans qu’il en prenne conscience. La lumière, si elle peut varier d’une farce à l’autre, doit abolir les césures, et amener une continuité entre ces trois farces, qui s’inscrivent dans une dynamique qui les transcende, en permettant une évolution. Quant au rythme induit par le texte, il est appuyé par une création lumière qui tantôt va dans son sens, tantôt se pose en rupture par rapport à lui, tout en évitant l’écueil de l’illustration. Et quand la lumière devient ponctuellement intemporelle, c’est pour mieux casser ce rythme le temps de brèves scènes de rêverie, de cauchemar ou de fantastique qui font s’évader le spectateur… Dans cet esprit, le travail se construit par strates, partant d’une vision globale pour progressivement approcher l’instant. Il se pense en accord avec l’ensemble des concepteurs, afin de créer une osmose qui se ressent plus que ne se voit.


... en son, Claire Colas et Nicolas Jacques-Peyronnet

La conception s’élabore au jour le jour, à partir du travail des comédiens, et parfois par des propositions en temps réel. Le texte de Molière étant très riche, très dense et très rythmique, la création sonore devra le valoriser sans l’illustrer, jouer sur ses énergies tout en respectant ses respirations. Une méthode de travail concrète, en constant rapport avec le plateau, doit faire naître un son efficace, qui parle à tous comme la parole comique de Molière raisonne universellement. En imprégnant l’espace sans s’imposer comme un extérieur, il vient ponctuer le texte comme le feraient des bruitages de dessins animés ou des onomatopées. Pensé comme un prolongement de la dynamique présente au plateau, il s’amuse à y répondre, dans un mouvement qui s’abolit du réalisme.


... et enfin en costume, Cécile Deliens et Gaëlle Viémont

Partant de la volonté de Claude Buchvald de dessiner des silhouettes, qui présentent l’avantage de communiquer immédiatement, la conception des costumes a cherché à faire apparaître une typologie en présence. Celle-ci trouve une inspiration dans la trame dramaturgique de la Comedia dell’arte, et c’est ainsi que l’on repère aisément un Sganarelle en bon bougre usurpé, caractérisé par un ventre rebondi, ou encore le corps des médecins, tous enveloppés de noir. Ces types sont servis par une ligne s’inspirant d’une base contemporaine, nuancée par certains éléments ou lignes de coupe historiques. Pour ce faire, le travail est pensé dans un constant aller-retour avec le plateau, puisque l’inspiration naît aussi bien des recherches de matières que du jeu des comédiens, dont les postures et attitudes sont volontairement appuyées par le costume. A l’inverse, ce dernier intervient dès les prémices du travail d’interprétation, puisque des éléments de costume sont parfois déterminants dans la rencontre entre un comédien et son personnage.


Propos recueillis par Nina Strack
Article C. Thomas

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Derniers commentaires
Newsletter
Publicité